Intentions de mise en scène

Photo V. Girault
Photo V. Girault

La scénographie rappelle un espace de combat mis à plat, ring de catch ou tatamis.

 

Cet espace est celui des illusions publiques où tous jouent un rôle.

 

Ici, les masques sont de rigueur, on offre à l'autre ce qu'il attend, de croire, de voir, d'entendre.

 

Le grand rectangle sur lequel les personnages « combattent » se reflète, en un jeu de miroir et de symétrie, au dessus de ceux-ci, sur cette surface sont projetés, à l'aide de vidéo projecteur, les états d'âmes des protagonistes, comme le contrepoint d'un destin fabriqué.

 

Ils se retrouvent ainsi pris entre leur espace de jeu, qui deviendra espace de feu, et l'écran de leurs fantasmes, comme on peut être pris au piège entre deux destins antinomiques.

 

Trois bidons métalliques ornent le tapis de jeu. Ils symbolisent la force, la beauté et la sagesse auxquelles prétendent les personnages, ils sont aussi les abris de ceux-ci... avant que l'inéluctable ne les fasse s'y consumer aux brasiers de leur vanité.

 

La direction d'acteur, autant que la mise en scène, s'engage à offrir une lisibilité accrue des méandres psychologiques des personnages. Les zones extérieures et privées à chacune des « Jeanne » se définissent comme un écrin, où l'empathie entre spectateurs et personnages agit.

 

Ces espaces s'opposent au lieu public où « brûlent » les lumières de la publicité.

 

L'arbitre se doit d'être entier et crédible dans sa fonction d'entremetteur, sans jamais laisser entrevoir l'effet de surprise du final. Il trouve sa densité aux facettes qui le composent, évoquant tour à tour les travers de l'humanité, ceux-là mêmes qui nous engluent au fil du temps, ceux-là dont nous nous arrangeons avec tant de talent.

 

Du ton confidentiel, existentiel et abrupt du début, à l'éloquence finale, ostentatoire et manichéenne, le spectacle croît dans un élan qui recherche le vertige lié aux incertitudes que l'on rencontre les jours de grande démystification, quand nos croyances se brisent.

 

Les costumes n'évoquent pas, ils affirment l'identité des personnages, en ne se souciant pas des réalités temporelles. La virginale bergère se voit drapée de coton humble et de laine immaculée, sa robe est la représentation parfaite de celle inventée par les artistes peintres du 19ème siècle.

 

La guerrière, caparaçonnée dans une gangue de cuir, de latex et de métal chromé, affirme son appartenance aux références des jeux vidéos issus des bandes dessinées "heroic fantasy".

 

L'arbitre coach emprunte sans vergogne aux lignes des tenues des sports de combats, mixant les caractéristiques les plus identifiables dans chaque discipline. Au final, il se recouvre de drapeaux tricolores avant de s'immoler aux diktats d'une humanité à la conscience paresseuse.